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100 jours au jardin botanique / TALENCE

l'orangerie:

 

le rez-de-chaussée: Il vit au fil des saisons, se vide et se remplit. J'aime ses allures de serre tropicale l'hiver, la moiteur qui s'en dégage, les traces fraîches de l'arrosage, le passage des jardiniers. Janvier, galette des rois, les fèves, les outils, les gants, je réinvente, retrouve. Je suis les pérégrinations de la bicyclette au fil des mois, fixe le jaune éclatant des tuyaux d'arrosage, leurs lignes serpentines.

la salle des herbiers: Un monde en dormance. Un mobilier d'époque, comme ces tables d'étude des botanistes dont la découpe m'intrigue. Découpe si particuliére (elles étaient encastrées dans lépaisseur des murs devant les fenêtres pour profiter au maximum de la lumière naturelle) que je décide de la traiter en plan, au trait, dans l'espace. Epure.

J'ai avec l'aval de Mr Badoc, toute liberté de consulter les herbiers. Consultation au hasard des chiffres et des reliures ou des thèmes. Je me plonge alors dans le cahier nomenclature. Il y a le plaisir visuel des papiers superposés, de la plante étalée, la juxtaposition des mots et des lieux, des dates et heures. Et soudain des départs: Alger...

Lire la légende des herbiers comme un passeport pour la navigation...

Je découvre un jour la salle transformée en salle d'étude et sur les tables les éléments du cours de botanique, soigneusement disposés, étiquetés. Plaisir du cadrage à l'affût des taches de couleurs, du contraste des matières, du blanc des étiquettes. Sur les étagères des noms de plantes ou de graines famillières, des graines à goût d'enfance. Comme les Pater Noster (haricot Précatirius) que mon père nous ramenait de ses voyages aux Antilles, ces petites graines ovoïdes, rouges et noires, admirablement laquées. J'aimais les toucher. j'en ignorais le nom.

Je découvrirai des années plus tard qu'une seule de ces graines bien mastiquée peut être mortelle. Elles n'en sont pas moins utilisées pour  la confection de colliers ou de chapelets (d'où leur nom). J'en trouve confirmation en découvrant sur un sachet de graines cette annotation manuscrite: "graines très toxiques, affaire du collier qui tue". Parfum de mystère...

petite serre: Je traque le jaune des étiquettes, le noir des godets, la poussée des semis, la trace et le geste du jardinier, les verts-forêts et les fuchsias, les urnes des népenthès.

grande serre: Je photographie l'extérieur au fil des saisons, j'aime comme l'échelle défie le ciel... et la luxuriance des verts à l'intérieur. La clé à l'entrée. Le regard à l'affût des formes et des couleurs, la surprise d'un orangé, l'alignement des pots, les tiges graciles, les feuilles ourlées et ajourées. La danse de l'herbe.

le laboratoire: J'en aime l'odeur si caractéristique à ce type de lieu. Les carrelages, les traces des gestes interrompus ou juste accomplis, le trajet de la lumière, le contenu de ses tiroirs!... J'ouvre avec délice les boites des daguerréotypes. J'y trouve le plaisir du trait, du dessin, des coupes, des planches botaniques.

Je grappille du regard tout ce qui évoque le laboratoire, la coupe, l'étude de l'anatomie de la plante.

 

Violaine Laveaux / Talence / 21 / 04 / 2006

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